De nombreux animaux reconnaissent les membres de leur famille et coopèrent plus facilement avec eux qu’avec d’autres individus, les exemples les plus connus étant les primates et les insectes sociaux comme les abeilles ou les fourmis. Une étude parue dans Molecular Ecology du laboratoire Ecologie, Systématique et Evolution (ESE, UMR 8079 CNRS/UPSud/AgroParisTech) a montré que les champignons aussi sont capables de reconnaître leurs apparentés et de partager préférentiellement leurs ressources avec eux.

Les champignons pathogènes Microbotryum castrent leurs plantes hôtes en produisant leurs propres spores à la place du pollen dans les anthères. Un génotypage des spores du champignon a montré que plusieurs individus du champignon coexistent dans la plante dans les populations naturelles, et doivent donc se partager les ressources de la plante, mais que les individus au sein d’une même plante sont apparentés. Des inoculations expérimentales en serre sur des lignées clonales de plantes ont confirmé que les individus du champignon qui colonisaient une même plante étaient apparentés.

Des expériences de croissance du champignon in vitro suggèrent que ce phénomène est dû à une exclusion des souches non apparentées qui se produit via une croissance ralentie. Cette étude montre donc que les champignons sont capables de comportements visant à partager leurs ressources préférentiellement avec leurs apparentés, ce qui est en accord avec la théorie de la sélection de parentèle expliquant l’évolution de la coopération. D’autre part, ces résultats sont importants pour comprendre l’évolution des maladies des plantes. En effet, la coexistence de plusieurs individus de pathogène dans un hôte et leur degré d’apparentement sont connus pour impacter la sévérité des maladies.

Laboratoire Ecologie, Systématique et Evolution
Fleurs de la plante Saponaria officinalis, à gauche une fleur parasitée par le champignon pathogène Microbotryum saponariae qui castre la plante en produisant ses propres spores à la place du pollen dans les anthères et en atrophiant les ovules, à droite une fleur saine avec du pollen dans les anthères et des stigmas de la fonction femelle. Photo Michael E. Hood.