Laboratoire Ecologie, Systématique et Evolution

La prise en compte des conséquences des impacts humains sur les trajectoires évolutives de la biodiversité est cruciale pour le devenir de nos sociétés et du reste du vivant.

Réduire l’impact des activités humaines est un pré-requis à la stratégie « évocentrée » de considération du reste du vivant (Connemara National Park, photo FS).

Quelles sont les raisons de notre inertie face à la crise d’extinction de la biodiversité et quelles en sont les conséquences à moyen et long terme ? Les arguments pour la conservation de la biodiversité sont actuellement principalement centrés sur les bénéfices économiques ou culturels à court terme que certains éléments de biodiversité et services écologiques associés peuvent constituer pour le bien-être humain. Cependant, nous manquons singulièrement du point de vue des sciences de l’évolution sur nos interactions avec le reste de la biodiversité. Ceci est pourtant crucial parce que nos stratégies de gestion et de conservation peuvent influencer l’évolution de la biodiversité. C’est le cas des stratégies d’exploitation de la biodiversité et a fortiori d’ingénierie génétique mais aussi des stratégies de protection et de restauration de biodiversité à des fins de services. Mais c’est aussi crucial parce que nos relations aux autres formes de vie et à leur évolution définissent ce que nous sommes ou prétendons être. En effet, les considérations éthiques à la base de nos relations aux non-humains sont tout sauf neutres à la fois pour les dynamiques évolutives des humains et non-humains. S’agit-il de cesser toute conservation de la biodiversité ? D’assurer notre bien-être immédiat ? De soutenir les besoins de base des futures générations humaines ? Ou s’agit-il d’accepter les dynamiques spontanées et les trajectoires évolutives des non-humains au-delà de nos besoins. Cette stratégie « évocentrée » de considération du reste du vivant est entièrement nouvelle à l’échelle de l’évolution. Elle implique une transition évolutive majeure ce qui peut expliquer les résistances à sa mise en œuvre mais constituer aussi, dans le même temps, un challenge central pour le devenir de nos sociétés.

Sarrazin, F. & J. Lecomte 2016. Evolution in the Anthropocene. Science 351 : 922-923.