Lorsqu’on pense aux symboles de conservation, on pense généralement à des espèces emblématiques : pandas, tigres, éléphants, ours polaires, dauphins, etc. Ces animaux emblématiques, appelés espèces porte-drapeau, sont largement utilisés dans les campagnes de conservation pour capter l’attention du public et mobiliser le soutien aux objectifs de conservation. Cependant, une nouvelle étude menée par une équipe internationale de chercheurs soutient que le concept de porte-drapeau de conservation peut et doit être beaucoup plus diversifié, en s’étendant au-delà des espèces porte-drapeau à un éventail plus large de catégories porte-drapeau.

Bien qu’une entité porte-drapeau puisse certainement être un animal, selon l’étude (https://doi.org/10.1016/j.biocon.2025.111199), elle peut également être une forêt, un récif corallien, un individu « célèbre » comme la tortue « Georges le Solitaire », ou même un événement naturel spectaculaire comme la floraison massive, l’émergence d’éphémères d’une rivière ou les migrations de papillons monarques, à condition que cela aide les gens à se connecter émotionnellement à un objectif de conservation.

L’étude propose une feuille de route stratégique pour sélectionner et utiliser efficacement le type de campagne porte-drapeau adapté à chaque public et objectif de conservation. Elle vise à encourager les défenseurs de l’environnement à planifier leurs campagnes comme des spécialistes du marketing et à choisir leur campagne porte-drapeau en fonction des préférences du public et des valeurs culturelles. Les auteurs suggèrent que les campagnes porte-drapeau de conservation les plus efficaces ne sont pas toujours les animaux les plus grands, les plus colorés ou les plus célèbres, mais que ce qui compte le plus, c’est leur capacité à toucher des publics spécifiques.

La perte de biodiversité menaçant les écosystèmes du monde entier, il est crucial de repenser la manière dont nous suscitons le soutien du public et ce qui fait l’efficacité d’une campagne de conservation.

Contact: Ivan Jarić, ivan.jaric@universite-paris-saclay.fr

Pour des informations plus détaillées, consultez l’article publié dans Biological Conservation:

Jarić, I., Crowley, S.L., Jeschke, J.M., Arbieu, U., de Oliveira Caetano, G.H., Correia, R.A., Kamdar, A., Ladle, R.J., Mammola, S., Roll, U. and Veríssimo, D. (2025). A unifying theoretical framework for conservation flagships. Biological Conservation

https://doi.org/10.1016/j.biocon.2025.111199

Aperçu des différentes catégories porte-drapeau, avec l’écosystème du Grand Yellowstone comme exemple : le Grizzly 399 comme individu porte-drapeau – une femelle grizzly, considérée comme l’ours le plus célèbre de l’écosystème du Grand Yellowstone, attire énormément l’attention et stimule le tourisme ; le grizzly comme espèce porte-drapeau ; les grands prédateurs, dont l’ours noir américain, le loup et le puma, comme flotte porte-drapeau ou communauté porte-drapeau ; l’écosystème du Grand Yellowstone et le parc national de Yellowstone comme écosystème porte-drapeau ou aire protégée porte-drapeau ; l’incendie de forêt visible en arrière-plan représente un événement porte-drapeau, tandis que le dessin de l’ours Smokey Bear sur le panneau représente un porte-drapeau fictif. Illustration : Snežana Leskovar et Irena Jarić.

Exemples de catégories porte-drapeau. (a) Individu porte-drapeau : Georges le Solitaire, une tortue mâle de l’île Pinta, le dernier individu connu de la sous-espèce qui est devenue largement connue comme la créature la plus rare au monde et un symbole des efforts de conservation dans les îles Galápagos (photo : Mike Weston ; CC BY 2.0) ; (b) Espèce porte-drapeau : l’ours polaire, sans doute le symbole le plus emblématique des efforts visant à atténuer le changement climatique (photo : Ansgar Walk ; CC BY 2.5) ; (c) Flotte porte-drapeau : les six espèces d’esturgeons du Danube, quatre existantes et deux éteintes dans le Danube, sont utilisées comme navires porte-drapeau par diverses organisations de conservation ; les deux espèces représentées ici sont le béluga (photo : Phyllis Rachler) et le sterlet (photo : High Contrast ; CC BY 3.0 DE) ; (d) Écosystème porte-drapeau : la forêt amazonienne est l’un des écosystèmes et des icônes de conservation les plus connus au monde (photo : Jay ; CC BY 2.0) ; (e) Événement porte-drapeau : l’apparition de volées massives de plusieurs milliards de pigeons voyageurs aujourd’hui disparus continue d’être utilisée comme un événement porte-drapeau historique de conservation, en particulier pour les efforts de restauration et de réensauvagement, ainsi que pour les initiatives de dé-extinction (photo : Smith Bennett ; domaine public).